Une Z1 sortie de grange
Les collectionneurs, les amateurs de motos de collection sont tous en quête de leur graal : mettre un jour la main sur une moto ancienne, fort peu kilométrée, complète, en état d’origine ... et prête à redémarrer.
Une machine soigneusement remisée depuis des années, au fond d’une grange, à l’abri des intempéries et de la corrosion, recouverte d’une épaisse couche de poussière …

Tous en parlent, peu l’ont vécu.
Telle est pourtant l’histoire de cette Z1.
Son propriétaire est néerlandais.
Il réside aujourd’hui en Autriche où il a pris sa retraite.
Il a acquis sa moto neuve en 1974 et l’a immatriculée dans son pays d’origine : les Pays-Bas.
Voyageant à travers le monde pour son travail, il a très peu utilisé cette moto.

En octobre 1992, il l’a ramenée en France pour la déposer chez un ami.
De nationalité canadienne, ce dernier travaille habituellement à Houston, Texas mais il habite dorénavant sous le soleil de Rio de Janeiro.
De mémoire, il n’a roulé qu’une seule fois sur la Z1, avant de stocker la moto dans les meilleures conditions : sans batterie ni carburant, avec un peu d’huile dans les cylindres ...

Ses passions ont plutôt quatre roues que deux …
La moto est restée en France, durant toutes ces années.
Parmi d’autres véhicules de collection : Jaguar type E, Alfa Roméo Montréal, ...
Ayant décidé de s'installer définitivement au Brésil, il lui fallait vendre sa maison.
Et auparavant, les véhicules qu'elle abritait.
C’est au fond d'un atelier consacré à la menuiserie que la Z1 s’engourdissait depuis plus de vingt ans.
Le travail du bois a du bon, il génère de la poussière et de la sciure qui absorbent l'humidité.
La Z1 était sous une bâche en tissu, elle-même recouverte d'une épaisse couche de poussière.
Il s’agit d’un modèle 1973, sorti d’usine en avril 1973.
La moto n'a connu qu'un seul propriétaire et totalise 2 209 km d’origine.
Elle est dans un état rare de conservation, assez proche de son état d’origine.
Dans de telles conditions, il ne faut surtout ne pas céder à la tentation de remettre le moteur en route sur place, avec un booster de batterie.
Mieux vaut être patient et s'y prendre avec précaution :
- vidanger l’huile moteur
- nettoyer le carter inférieur et la crépine de la pompe à huile
- remplacer les filtres (air, huile) et les bougies
- verser de l’huile dans les cylindres et faire tourner le moteur manuellement à l’aide du kick
- nettoyer la rampe de carburateurs
- installer une batterie neuve
- vérifier l’avance à l’allumage et le jeu aux soupapes
Ensuite, l’instant du redémarrage est magique.
Comparable à la dégustation d’un vin rare et très ancien : en théorie, cela doit être sublime, mais cela peut aussi tourner à la piquette ..
Batterie, contact : les voyants s’allument.
Démarreur : le moteur s’ébroue dans un impressionnant nuage de fumée noire.
Les pots d’échappement rejettent leur trop plein de ferraille corrodée accumulé depuis des décennies.
Faire tourner le moteur quelques secondes, puis arrêt.
Aucune fuite, aucun bruit suspect.
Remise en route.
Le moteur tourne maintenant très correctement et monte en température.
La Z1 vient de renaître à la vie …
Elle s’était assoupie au cœur d’une époque où régnaient les 900 Ninja, 750 VFR, 1000 Exup.
Déjà elle faisait figure d’ancienne.
Elle se réveille vingt ans plus tard : autour d’elle des T-Max, des Hayabusa …
Les GSXR, V-Max et Goldwing sont encore là, mais ils ont bien changé !
Passé cette première étape de remise en route, il faut bien sûr penser à restaurer cette Z1.
Sa partie-cycle n’est pourtant guère corrodée.
La direction est dure : la graisse a séché.
Les spis de fourche sont fuyards.
L’étrier de frein AV bloqué.
Le moteur démarre et redémarre encore : il tourne désormais bien rond et émet le son caractéristique des Z1 peu kilométrées.
La cloche d’embrayage n’a aucun jeu.
La distribution est assez silencieuse.
Seuls les échappements sont très sonores : des modèles de 1ère génération, équipés de grosses chicanes !
Contempler une telle machine, plus de 20 ans après sa dernière utilisation, 40 ans après sa fabrication, constitue une véritable émotion.
Tout est d'époque et d’origine : échappements, carrosserie, compteurs, selle, visserie … même le porte-clefs.
Seuls les amortisseurs ont été remplacés lors de l’achat de la machine.
Le réservoir d’huile additionnel (transmission secondaire) et la pompe de graissage sont bien là.
La chaîne secondaire est d'origine, ce n'est pas encore une chaîne "autolube".
A l'odeur, l’essence est d’époque ... comme l’air dans les pneumatiques !
Les pneumatiques : secs, durs et craquelés.
Inutilisables.
La mousse de la selle est délitée, mais la housse n’a pas d’accroc.
Les chromes sont en bon état : recouverts de poussière, ils ont été protégés durant toutes ces années.
Sous la selle, la trousse à outils est bien présente.
Dans le dosseret, le petit tiroir avec son sticker (schéma électrique) renferme le manuel d’utilisateur, en bon état.

Cette 900 Z1 a fait la couverture de Moto Légende n°253 (février 2014).
L'article "le juste prix d'une restauration" lui est consacré.

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