La 350 S2, fille de la Coupe Kawa

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De nos jours, trouver une Kawasaki 350 S2 ou une 400 S3 en état d’origine relève de la gageure.

Tant les machines ont été utilisées et phagocytées par la Coupe.

C’est la rançon d'un incroyable succès.

Une fois la machine dénichée puis restaurée, on se retrouve assez vite dans l’ambiance.

Début des années 70.

Anneau de Monthléry.

Grille de départ.

Les moteurs hurlent.

Prêt à lâcher l'embrayage : on fait "presque" partie d’un club de privilégiés, celui de la Coupe Kawa.

Photo Micou Montange  www.bike70.com
Photo Micou Montange www.bike70.com

1971 : à l'origine était la 350 A7 Avenger

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La Coupe Kawasaki - Moto Revue - Motul est créée en 1971.

A l’initiative de Xavier Maugendre, patron de la SIDEMM, importateur Kawasaki pour la France.

S’inspirant de la Coupe R8 Gordini, c'est la première formule monotype appliquée à la moto.

Elle a pour objectif de faire éclore de jeunes talents.

A une époque où les pilotes français sont quasi inexistants en Grand Prix.

La Coupe est dirigée par Jean-Claude Bargetzi (journaliste à Moto Revue, vainqueur du Bol d’Or 1959).

Il sera pour beaucoup dans le succès de l’épreuve.

La plupart sont de vrais amateurs : ils travaillent durant la semaine, se rendent sur les circuits au guidon de leur moto et dorment sous la tente.

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La première course a lieu à Bourg en Bresse le 2 mai 1971.

Les motos sont des Kawasaki 350 A7 Avenger.

Moteur bicylindre 2 temps à distributeurs rotatifs.

Puissance maxi : 40,5 CH à 7 500 tr/mn

Poids à sec : 149 kg

Vitesse maxi : 165 km/h

Sur les 43 engagés du début de saison, 29 pilotes participent à la finale :

- Alain Meyer (vainqueur de la 1ère édition)

- Michel Fabre (2e)

- Gilles Mallet (3e) - journaliste à Moto Revue, puis à Moto Journal et créateur de Moto Verte

- Jacques Gonthier (7e et vainqueur des deux premières courses)

- Marc Voisin (8e)

1972 : place à la 350 S2

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La 350 S2 va grandement contribuer à l'image sportive de la Coupe.

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Pour la saison 1972, la 350 A7 Avenger laisse place à la nouvelle 350 S2 dont le moteur 3 cylindres 2 temps est plus performant.

Puissance maxi : 45 CH à 8 000 tr/mn

Poids à sec : 150 kg

Vitesse maxi : 165 km/h

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Compte tenu du nombre de demandes d’engagements, les organisateurs créent deux groupes disputant chacun 3 courses de qualifications :

- groupe 1 : Montlhéry, Le Mans, Montlhéry

- groupe 2 : Charade, Bourg en Bresse, Montlhéry

Les 45 pilotes qualifiés disputent ensuite les 7 courses de la Coupe proprement dite :

- Paul Ricard

- Magny-Cours

- Le Mans

- Rouen-les Essarts

- Le Mans

- Montlhéry

- Magny-Cours

La plupart de ces courses se déroulent en lever de rideau d’épreuves internationales.

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Au terme d’une saison disputée, la victoire finale revient à Patrick Pons.

Les autres pilotes de pointe se nomment :

- Denis Poulet (2e)

- Patrick Stadler (3e)

- Jean-Pierre Frisquet (4e, journaliste moto)

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La 350 S2 est conservée en 1973.

Le nombre d’inscrits grimpe à 125 pilotes.

Cela amène les organisateurs à créer trois groupes de qualifications.

L’implication des concessionnaires en soutien des pilotes ne cesse de s’accroitre.

Les sponsors "historiques" de la Coupe intensifient leur participation :

- Dunlop crée un challenge destiné à récompenser les meilleurs jeunes (1ère année de licence)

- Motul fournit les lubrifiants à l’ensemble du plateau

Photo Micou Montange  www.bike70.com
Photo Micou Montange www.bike70.com

Le lauréat de cette 3e édition est Jean-Claude MEILLAND.

Il devance :

- Louis Garron (2e)

- Frédéric Amarolli (3e)

- Thierry Noblesse (5e, futur pilote 125 GP)

D’autres noms apparaissent dans le classement :

- Bernard Fau (15e)

- Hervé Guilleux (24e)

- Philippe Vassard (36e)

Photo Micou Montange  www.bike70.com
Photo Micou Montange www.bike70.com

1974 : de la 350 S2 à la 400 S3

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L’édition 1974 voit l’arrivée de la 400 S3.

Puissance maxi : 42 CH à 7 000 tr/mn

Poids à sec : 165 kg

Vitesse maxi : 170 km/h

Evolution de la 350 S2.

La 400 S3 s'avère moins puissante que la S2.

Mais elle gagne en fiabilité et en souplesse d’utilisation.

Les pilotes de la Coupe continuent toutefois d’utiliser certaines pièces de la S2 afin d’optimiser les performances de la nouvelle 400 S3.

Comme l’année précédente, les pilotes sont répartis en trois groupes de qualifications (3 courses par groupe).

Les 45 finalistes se disputent ensuite la victoire finale sur 7 courses.

Bernard Sailler s’impose devant :

- Hervé Guilleux (2e, futur pilote GP)

- Michel Baloche (3e, futur pilote officiel Motobécane 125 GP)

- Jacques Agopian (5e)

- Jean-Louis Albera (8e)

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En 1975, le nombre de participants grimpe à 280 pilotes.

Les organisateurs reçoivent même plus de 500 demandes d’engagements.

Ils mettent en place une nouvelle formule de sélection baptisée "journée K", qui se déroule sur le circuit de Magny-Cours.

A l’issue de cette journée, 135 pilotes sont sélectionnés et répartis en trois groupes "régionaux".

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Viennent ensuite les courses de qualifications, comme les années précédentes.

Les 60 premiers pilotes (au lieu de 45 auparavant) sont retenus pour disputer les courses de la phase finale.

A noter l’instauration d’essais qualificatifs avant chaque course.

Le soutien des concessionnaires de la marque s’intensifie encore : Pipart, Gavory, Folie Méricourt, Elite Motor, …

De nouveaux partenaires rejoignent la Coupe :

- Gurtner crée le "boisseau d’or"

- AGV introduit son propre challenge

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La Coupe s’internationalise avec la création du Trophée Europa qui permet aux meilleurs pilotes français de la Coupe de se mesurer à une sélection de jeunes pilotes belges.

Deux courses se déroulent, en lever de rideau des 24 H de Spa-Francorchamps et en ouverture du Bol d’Or.

400 KH préparée par Elite Motor
400 KH préparée par Elite Motor

La Coupe revient à Éric Saul qui s’impose lors de la dernière épreuve, disputée sur le circuit de Karland.

Il devance :

- Denis Boulom (2e)

- Christian Sarron (3e)

 

D’autres noms apparaissent dans le classement, notamment :

- Christian Le Liard (6e)

- Thierry Espié (8e)

Michel Joly remporte le Trophée Europa.

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En 1976, les journées K sont reconduites à Magny-Cours.

Elles rassemblent 330 jeunes pilotes, répartis en 10 séries.

A l’issue de la saison, la Coupe revient à Christian Le Liard qui devance :

- Thierry Espié (2e)

- Jean-Pierre Merlin (3e)

Ce dernier remporte le Trophée Europa.

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1977 : la 400 KH signe la fin des 3 cylindres 2 temps

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En 1977, la 400 S3 laisse place à la 400 KH :

Puissance maxi : 38 CH à 7 000 tr/mn

Poids à sec : 165 kg

Vitesse maxi : 170 km/h

Là encore, il faut revenir aux pièces de "l'ancienne" S3 pour obtenir de meilleures performances.

 

Les journées K se déroulent sur le circuit Paul Ricard, dans des conditions apocalyptiques.

Sur 380 pilotes inscrits, 180 sont sélectionnés et répartis en trois groupes de 60 pilotes.

La formule reste inchangée : 3 courses qualificatives suivies de 7 courses, pour les meilleurs.

Au classement final, Marc Fontan l’emporte devant Jean Lafond (2e).

De nouveaux pilotes font leur apparition dans le classement, notamment :

- Bruno Le Bihan (4e, futur Champion du Monde d’Endurance 1987)

- Pierre-Etienne Samin (8e)

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1978 est la dernière saison avec le moteur 3 cylindres 2 temps.

Pour les puristes, c’est la dernière année de la "vraie" Coupe.

Le nombre d’engagés redescend à 225.

Au final, Pierre-Etienne Samin s’impose devant :

- Roland Bataille (2e)

- Pierre Coste (3e)

Jean Foray apparaît dans le classement à la 8e place.

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 1979 : passage au 4 temps avec la Z 650

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En 1979, la Coupe passe au 4 temps avec la Z 650 4 cylindres :

Puissance maxi : 64 CH à 8 500 tr/mn

Poids à sec : 219 kg

Vitesse maxi : 190 km/h

L’esprit n’est plus le même.

Le budget non plus.

Le nombre d’engagés tombe à 45 pilotes.

L’édition 1979 revient à Gérard Petit.

1980 : la Z 250 remplace la Z 650

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1980 est l’année de la mise en place du nouveau permis moto.

Pour trois saisons, la Z 650 est abandonnée au profit de la Z 250 bicylindre 4-temps :

Puissance maxi : 27 CH à 10 000 tr/mn

Poids à sec : 153 kg

Vitesse maxi : 155 km/h

Bruno Bonhuil
Bruno Bonhuil

Pour parvenir à tirer quelques chevaux supplémentaires de ce petit moteur, il faut démonter le superflu (phare, clignotants, feu AR ...), installer des guidons bracelets, un échappement 2 en 1 et un kit de carburation fourni par Gurtner.

La démultiplication finale, d'origine en 15 par 35, est modifiée.

Les pilotes utilisent des pignons de sortie de boite de 400 S3 (de 14 à 16 dents) et des couronnes AR des anciennes Kawasaki 350 A7, disponibles de 38 à 41 dents.

Bernard Piaton est titré en 1980.

Jean-Patrick Vella l’emporte en 1981.

Bruno Bonhuil s’impose en 1982.

Jean-Pat Vella témoigne :

"Lorsque M. Maugendre a décidé de relancer la fameuse "Coupe Kawasaki", il a été confronté à des problèmes de coût : les Z 650 étaient beaucoup trop chères pour continuer et il fallait de nouveau remplir les inscriptions tellement la demande était grande.

Un choix s'imposait : la 250 cc, au tarif largement abordable pour les concurrents et les concessionnaires désireux de faire rouler des pilotes sous leurs couleurs. Cela permettrait de "réamorcer la pompe" en accueillant de nombreux participants.

Pari gagné !

Sur la 250, il fallait vraiment attaquer sur toutes les courses qui étaient hyper serrées et offraient des "bastons" redoutables.

Le public venait en nombre, la "Coupe" se déroulant en ouverture de grandes courses comme le Bol d'Or.

Le public était ravi.

Beaucoup de jeunes s'identifiaient à nous, les participants, et un vrai dialogue s'instaurait dans le paddock.

Voilà ce passage de notre vie animée par une vraie passion, que j’en suis certain, beaucoup nous envient !"

La Coupe a vécu sans discontinuer la première période de son histoire.

Elle n’est pas reconduite en 1983.

Plusieurs raisons se conjuguent :

- l’abandon des 3 cylindres 2 temps qui ont fait l’histoire de la Coupe

- le passage aux 4 temps plus chers (Z 650)

- l’apparition de nouvelles formules de promotion moins onéreuses (Challenge Honda, Coupe Motobécane Moto-Revue) ou  plus séduisantes (Coupe Yamaha Gauloises)

- la reprise de la SIDEMM par la maison mère K.M.F. en 1982

 1989 : retour avec la 250 KR1

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Il faut attendre six saisons avant que la Coupe ne renaisse.

En 1989.

Avec l’apparition de la Kawasaki 250 KR1, bicylindre 2 temps jouissif et performant :

Puissance maxi : 60 CH à 10 500 tr/mn

Poids à sec : 123 kg

Vitesse maxi : 220 km/h

Cette nouvelle formule perdure 4 saisons.

Puis disparaît ...

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Photo Denis Raphanaud, Le Mans 1991
Photo Denis Raphanaud, Le Mans 1991

2006 : renaissance avec l'ER-6

En 2006, soit 14 ans plus tard, renaît une nouvelle formule de promotion avec la sortie de la Kawasaki ER-6n :

Puissance maxi : 72 CH à 8 500 tr/mn

Poids à sec : 173 kg

Vitesse maxi : 200 km/h

 

A cette occasion Kawasaki France communique :

"Le premier leitmotiv de cette Coupe Kawa "New Age", organisée avec le concours de la FFM, est simple : permettre au plus grand nombre de goûter aux plaisirs et aux sensations sans pareilles de la compétition de vitesse moto, en toute sécurité et au moindre coût.

Deuxième objectif : révéler les plus talentueux du peloton et leur permettre, pourquoi pas, se faire un nom dans l'univers de la compétition moto."

Cette ER-6 Cup est organisée de 2006 à 2010.

Elle reste aux stands en 2011.

Définitivement.

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Les enfants de la coupe

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A la fin des années 60, la présence des pilotes français sur le plan international est anecdotique.
Dix ans plus tard, les pilotes tricolores garnissent les plateaux dans toutes les catégories.

La Coupe Kawasaki - Moto Revue - Motul, dans ses années 3 cylindres 2 temps, a su réunir tous les ingrédients permettant le succès d’une formule de promotion :

- des machines peu onéreuses et performantes, évoquant de véritables motos de course (500 H1R de Grand Prix)

- un règlement équitable, simple et précis : 1ère tricherie, disqualification, 2e  tricherie, exclusion

- un niveau de pilotage constamment à la hausse

- des courses disputées et spectaculaires

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Patrick PONS n° 36

 

 

 

 

 

 

 

Christian SARRON

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Hervé GUILLEUX

La Coupe a été une pépinière de champions.

Ses participants les plus illustres ont glané des victoires en Grand Prix.

En 1979, Patrick Pons devient le premier français Champion du Monde, tous sports mécaniques confondus :

- 1ère victoire au Grand Prix d’Allemagne 750 cc 1975

- Champion du Monde Formule 750 1979

D'autres suivront :

- Christian Sarron : 1ère victoire au Grand Prix d’Allemagne 250 cc 1977, Champion du Monde 250 cc 1984

- Éric Saul : 1ère victoire au Grand Prix d’Italie 250 cc 1981, 2 victoires en Grand Prix

- Marc Fontan : pilote de Grand Prix, vainqueur des 24 H du Mans moto 1980, Champion du monde d’endurance 1980

- Hervé Guilleux : victoire au Grand Prix d’Espagne 250 cc 1983, 4e place au Championnat du monde 250 cc 1983, vainqueur du Bol d’Or 1982

- Thierry Espié : pilote de Grand Prix, 4e place au Championnat du monde 125 cc 1979, 4e place au Championnat du monde 250 cc 1980

- Christian Le Liard : pilote de Grand Prix sur la ELF E en 1980, codétenteur de 6 records du monde de vitesse sur la ELF R en 1986

- Pierre-Etienne Samin : pilote de Grand Prix, vainqueur du Bol d’Or 1980

- Jean Lafond : Champion du monde d’endurance 1980, vainqueur du Bol d’Or 1982

Etc ...

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Le succès de la Coupe ne se limite pas là.

La Coupe a permis d’étoffer les plateaux des épreuves internationales se déroulant en France, en apportant aux organisateurs des courses de lever de rideau "clefs en mains", à l’organisation rodée et au spectacle assuré.

Outre l’éclosion de pilotes de niveau international, elle a aussi permis à de nombreux passionnés (plus de 3 000 au total) de participer, à moindre coût, à de véritables courses de vitesse :

- au minimum 3 courses de qualifications (par saison)

- 7 courses supplémentaires en fonction des résultats lors des courses de qualif

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Finale 1975 à Karland : Diouloufet, Sarron, Saul, Dumaret, Boulom

La Coupe a contribué à l’essor de la presse moto dans les années 70.

Moto Revue, à l’origine du projet, rend compte de l’épreuve, interviewe les pilotes, distille des conseils de préparation aux participants, …

La Coupe a considérablement renforcé l’image sportive de Kawasaki.

Avec la 350 A7 Avenger la première année.

Rapidement abandonnée, pour laisser place à la 350 S2.

La véritable "fille de la Coupe".

Par la suite, la SIDEMM a continué à promouvoir sa gamme 2 temps 3 cylindres, à travers la Coupe : des motos simples, fiables et performantes.

Plus dure fut la suite, avec le passage aux 4 temps ...

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