Expo Münch au Technik Museum de Speyer
Le Technik Museum de Speyer, en Allemagne, propose une exceptionnelle exposition consacrée à la marque Münch.

Tout ce que j'ai toujours voulu faire était de construire des motos, mais les gens avec qui je me suis impliqué dans les affaires ont toujours voulu en profiter et essayer de devenir riche rapidement. J'ai été trompé, mais aujourd'hui je suis un homme heureux parce que je peux toujours garder la tête haute et savoir que je n'ai jamais fait de mal à personne. Et le plus important, je fais toujours des motos !
Friedel Münch, 1988

Un moteur de voiture dans un cadre Featherbed
Pour réaliser cette Superbike avant l'heure, Friedel Münch utilise un moteur conçu pour l'automobile, le 1000 cc de la NSU Prinz, qu'il installe dans un cadre multitubulaire de sa conception.
La première apparition de la Münch a lieu le 28 février 1966.
Le moteur : quatre cylindres, refroidi par air, simple arbre à came en tête, 8 soupapes.
Friedel Münch réalise un carter d'huile spécifique.
Il utilise des composants NSU pour l'embrayage et Horex pour la boîte à 4 vitesses.
Le cadre est inspiré du châssis Norton Featherbed.
Il reprend les grandes lignes du châssis de la Horex Imperator de course, développée par Friedel Münch en 1955.
Le bras oscillant, la boucle AR du cadre et les moyeux sont moulés en Electron, un alliage extrêmement léger, à haute teneur de magnésium.
Dans sa version initiale 1 000 cc, la Münch développe 60 CH à 5 500 tr/mn.
Sa vitesse maxi est supérieure à 190 km/h.
La Münch crée la sensation.
La légende est en route.

La Münch est présentée au salon I.F.M.A. de Cologne, en septembre 1966.
La cylindrée est désormais de 1 085 cc.
La puissance maxi passe à 70 CH.
La vitesse maxi dépasse les 220 km/h.
Le public se presse devant le prototype.
Les commandes ne tardent pas à affluer.
L'assemblage des premières machines s'effectue de manière artisanale, dans l'atelier de Friedel Münch à Frieberg, près de Franckfort.
Les motos sont assemblées à la main.
Elles sont vendues à la carte.
Les clients ont le choix : un, deux ou quatre carburateurs.

L'exposition du Technik Museum de Speyer retrace l'épopée de Friedel Münch, sur plus de 40 ans, à travers une vingtaine de machines exceptionnelles.
Voire uniques.
Münch-Horex 500cc - 1955
Ancien pilote puis ingénieur du service course de la marque Horex, Friedel Münch rachète Horex en 1956.
Dans l'ancienne usine Horex, Münch entame la production des 500er Münch-Strassen et 500er Münch-Renn, également connue sous le nom de Münch-Spezial.

Cette Münch-Horex 500 de course, réalisée par Friedel Münch en 1955, est basée sur le bicylindre 400 cc Horex Imperator à simple arbre à cames en tête.
La cylindrée a été portée à 500 cc.
Conduits polis : admission et échappement.
Arbre à cames "Sharp".
Carburateur Weber double corps.
Embrayage à sec.
Puissance : 48 CH
Clymer-Münch 1200 TTS - 1967
En 1968, Friedel Münch utilise le nouveau moteur NSU TTS dont la cylindrée a été portée à 1 177 cc.
La puissance maxi grimpe à 88 CH à 6 000 tr/mn.
La roue AR à rayons ne permet pas d'encaisser une telle puissance.
Münch imagine alors une roue AR moulé en Electron.
La nouvelle Münch-4 1200 TTS dispose d'un réservoir d'essence et des caches latéraux en aluminium martelé à la main.
L'habillage des phares, la coque de selle et les freins sont en magnésium.
1968 est également l'année où Münch connait ses premières grosses difficultés financières.
Le temps d'assemblage et les coûts de main d'oeuvre ont été sous-estimés.
Le prix de revient de chaque moto dépasse de très loin son prix de vente.
Münch reçoit le soutien de l'américain Floyd Clymer, propriétaire du magazine Cycle et de la revue technique Clymer.
Clymer croit au concept et veut imposer la Münch sur le sol américain.
Il injecte des fonds dans l'entreprise de Friedel Münch.
Une nouvelle usine d'assemblage sort de terre.
Münch se lance dans le développement d'un système d'injection mécanique de carburant (qui ne verra le jour qu'en 1973).
Les Münch destinées aux U.S. porteront le nom de Clymer-Münch Mamoth IV.
Floyd Clymer décède avant la mise en production du modèle U.S.

Série n° 31
Cette Clymer-Münch 1200 TTS de 1967 est le premier exemplaire assemblé pour Clymer et destiné au marché U.S.
La moto comporte un carburateur unique et un collecteur d'admission spécifique, conçu pour l'export.
Il s'agit d'une des quatre machines assemblées à l'origine avec une fourche Ceriani.
Cylindrée : 1 177 cc
Puissance : 75 CH
La moto est équipée d'un réservoir polyester John Long London type 28/31 qui a été rajouté par la suite.
Münch 3 Prototype - 1972
Au début des années 70, Friedel Münch songe à concurrencer les constructeurs japonais sur le marché des sportives de moyenne cylindrée.
En ligne de mire, la Kawasaki 500 Mach III et les autres modèles nippons à moteur 2 temps.

Série n° 13660
Cette Münch 3 est le prototype présenté au salon I.F.M.A. de Cologne en 1972.
Le moteur 3 cylindres 2 temps est de marque Fichtel et Sachs.
Les carburateurs à membrane sont de marque Tillotson, en 38 mm de diamètre.
Cylindrée : 646 cc
Puissance : 90 CH
Le prix de vente est établi à 9 873 DM.
Malheureusement ce modèle restera à l'état de prototype.
La Münch 3 n'entrera jamais en production.
Münch 1400 TTS Sport - 1972
1971, Friedel Münch est de nouveau au bord de la faillite.
Il est cette fois sauvé par un industriel allemand, Hassia, qui le maintient à flots durant deux ans.
Jusqu'en 1973, date de la reprise de Münch par un homme d'affaire allemand, Heinz W. Henke, grâce à qui la production se poursuit jusqu'à la fin des années 70.
A partir de 1973 est utilisé le système d'injection mécanique : une première sur une moto de série.
Les Münch à injection s'appellent : 1200 TTS-E.
La puissance grimpe à 100 CH.
En 1975, Friedel Münch est contraint de quitter l'entreprise qu'il a fondée.
Il continue toutefois de travailler sur les motos de ses clients.

Série n° 196
Cette Münch 1400 TTS Sport est dans son état d'origine - à l'exception du silencieux d'échappement.
Réalisée en 1972, la moto a été entièrement reconstruite par Friedel Münch en 1978 - soit après son départ de l'entreprise.
Il s'agit de la seule 1400 TTS équipée de carburateurs.
Cylindrée : 1 336 cc
Puissance : 106 CH

Münch-4 1200 TTS - 1973

Série n° 244
Cette Münch4 1200 TTS de 1973 a été restaurée en 1988.
Elle est équipée d'un réservoir en aluminium.
Le cadre d'origine a été nickelé.
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 88 CH
La carrosserie a été repeinte aux couleurs de la BMW CSI de son propriétaire.

Münch "anniversaire" 1200 TTS - 1974

Série n° 250
Cette 1200 TTS "anniversaire" de 1974 est la 250e Münch fabriquée à Altenstadt.
Malheureusement, la production restera bloquée à 478 Münch "classiques".
Elle n'atteindra jamais le seuil de 500 machines fabriquées.
Lorsque Henke reprendra la fabrication, la série redémarra à partir du numéro 500.
Pour s'achever ... avec le numéro 502.
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 88 CH
Münch 1200 TTS - 1973

Série n° 252
Cette Münch 1200 TTS de 1973 est connue sous le nom d'Armin Benkert Münch.
Elle est également surnommée "Harley Münch".
Ou encore "Duscholux Münch".
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 88 CH

Münch4 1200 TTS - 1972

Série n° 286
Cette Münch4 1200 TTS de 1972 a appartenu à la famille Leiningen de 1973 à 2003.
La famille Leiningen est une famille princière allemande dont l'origine remonte à 1180.
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 88 CH
La moto est dans son état d'origine.
A l'époque, seul Friedel Münch en personne, était autorisé à intervenir sur cette moto.
Münch 1200 TTSE Spéciale - 1973

Série n° 294
Cette Münch 1200 TTSE "Spéciale" de 1973 est connue sous le nom de "Lightweight Münch".
Elle a été spécialement préparée et allégée par Friedel Münch.
Le moteur développe 110 CH - avec arbre à cames Scleicher.
L'échappement est de type 4 en 1.
Le réservoir en tôle d'aluminium de 0,5 mm.
La roue AR à rayons.
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 110 CH
Poids : 213 kg
La moto est équipée d'un échangeur air/huile.
Nota : les compteurs sont issus d'une Honda CB 750 K1.

Münch 1200 TTS - 1974

Série n° 402
Cette Münch 1200 TTS de 1974, est un ancien exemplaire de démonstration, resté dans un état proche de l'origine.
Cylindrée : 1 167 cc
Puissance : 90 CH
La moto est équipée d'un carénage Rickman.
Les compteurs sont issus d'une Honda CB 750 K0.
Le filtre à air est spécifique : il s'agit d'un élément Beckmann et d'un boîtier de BMW 2002.
La machine pèse 295 kg.
Münch 1300 TTSE - 1976

Série n° 452
Cette Münch 1200 TTSE de 1976 est l'une des dernières Münch "classiques" fabriquées sous la période Henke.
La machine a été restaurée en 1986.
Elle est équipée d'un réservoir aluminium de 36 L.
Cylindrée : 1 269 cc
Puissance : 105 CH
Poids : 310 kg
La moto a connu 8 propriétaires.
Münch 1300 TT SE - 1977

Série n° 463
Cette Münch 1300 TT SE de 1977, est également l'une des dernières machines "classiques" fabriquées à l'usine d'Altenstadt.
Cylindrée : 1270 cc
Puissance : 102 CH
La moto est équipée d'un réservoir spécial d'une contenance de 46 L et d'un carénage Rickman.
Il faut mesurer 1,95 cm pour pouvoir poser les deux pieds au sol.
La machine a parcouru plus de 100 000 km.
Henke-Münch 1300 TTS - 1979

Série n° 502
Cette Henke-Münch 1300 TTS de 1979, est la dernière machine réalisée par Henke à Altstadt.
Cylindrée : 1 278 cc
Puissance : 98 CH
Malgré une campagne de publicité soutenue, le modèle se révélera impossible à vendre, compte tenu de son prix exorbitant.
La moto est équipée de compteurs, de roues et de freins issus d'une Kawasaki Z1000 de 1978.
La fourche est de marque Egli.
Münch Turbo - 1972/1981
Au salon I.F.M.A. de Cologne 1978, Friedel Münch crée une nouvelle fois la sensation.
Il annonce la création d'une nouvelle entreprise, sous le nom de Horex, et d'un modèle 1400 cc turbo de 143 CH.
Le projet n'aboutira pas.

Série n° 154
Cette Münch-4 de 1972 reprend le projet "turbo" de Friedel Münch.
Elle a été équipée d'un turbo en 1981.
Et fait l'objet d'une restauration complète en 1992.
Cylindrée : 1 338 cc
Puissance : 145 CH
Poids : 296 kg

Rickman-Münch - 1975/2004
Série n° 5537 G
Cette Rickman-Münch a été réalisée en 2004 sur la base d'une Münch 1 067 cc de 1975.
Cadre, fourche, selle et réservoir sont d'origine Rickman.
Moteur, boîte de vitesses et accessoires, d'origine Münch.
La roue AV est un prototype - il s'agit de la dernière génération de roues, réalisée par Friedel Münch en 1989.
La roue AR est un prototype modifié, réalisé en 1997, issu du projet Münch 2000.
L'échappement est de marque Dunstall.
La moto a été présentée en août 2004, lors du meeting Rickman, à Oyten-Fischerhude, en Allemagne.
La moto a obtenue à cette occasion le 1er prix "Most Beautifull Bike".
Prototype Münch Mammut 1997 / 1999
A la fin des années 90, Friedel Münch se lance dans un nouveau projet financé par Thomas Petsch.

Le prototype exposé a été réalisé entre juin 97 et novembre 99.
Le moteur de 1 870 cc a pour base le NSU K70.
Il est coiffé d'une culasse 16 soupapes d'Opel 2L.
Puissance maxi : 180 CH
Le développement et la construction de ce prototype ont coûté plus d'un million de DM.
Il servira de base au projet Münch Mammut 2000.
Münch Mammut 2000
A 73 ans, Friedel Münch crée une nouvelle fois la sensation.
La Münch Mammut 2000 est présentée en grande pompe :
- moteur 4 cylindres en ligne suralimenté
- cylindrée : 1 998 cc
- culasse Cosworth 16 soupapes (issue du bloc Opel Calibra)
Je suis heureux de pouvoir présenter l'aboutissement de l'oeuvre de ma vie
Friedel Münch, 1999

Comme toutes les Münch, la Mammut de l'an 2000 possède des caractérisques extravagantes :
- puissance maxi : 260 CH à 5 650 tr/mn
- poids : 354 kg
- vitesse de pointe limitée à 250 km/h
- fourche inversée Öhlins en tubes de 43 mm
- deux amortisseurs Öhlins situés sous le moteur
- carénage et réservoir en carbone
- système de commandes numériques avec repose-pieds et leviers réglables
- dispositif d'immobilisation à distance
- prise de diagnostic électronique

La Münch Mammut 2000 restera à l'état de prototype.
Trop coûteuse à produire.
Trop onéreuse à la vente.

Ce sera le dernier projet, non abouti, de Friedel Münch.
Celui-ci s'éteind le 27 avril 2014.

A leur grande époque comme de nos jours, les Münch ont toujours attiré les célébrités :
- Fritz Gunter Sachs était un passionné de la marque
- Malcolm Forbes en possédait deux
- Jay Leno en a une dans sa collection
En 2010, Gérard Depardieu traverse la France au guidon d'une Münch dans le film Mammuth.

Sur les 478 Münch "classiques" produites, on estime à environ 320, le nombre d'exemplaires ayant survécu.
Une centaine d'entre eux serait aux États-Unis.
Les 220 restants, répartis dans le reste du monde.
Bien que différentes d'un exemplaire à un autre, les Münch sont aujourd'hui bien répertoriées et aisément identifiables.
Le caractère d'exception, à l'époque comme aujourd'hui, et le faible nombre de motos construites font de la Münch une des valeurs les plus sûres - et les plus chères - pour les collectionneurs.
Les machines vendues aux enchères avant la crise sanitaire ont trouvé preneur à un prix largement supérieur à 100 000 €.
- série n° 114 Clymer-Münch 1200 TTS adjugée au prix record de 182 426 € (2018)
- série n° 146 Münch 1200 TTS estimée 100 000 / 140 000 € (2019)
- série 405X246 Münch 1200 TTS-E vendue 99 502 € (2019)
Les rares ventes réalisées après la crise semblent indiquer que les prix se sont maintenus à ce niveau.

Ouvert depuis 1991, le Technik Museum de Speyer est géré conjointement avec l'Auto & Technik Museum de Sinsheim, situé à une 1/2 heure de route.
Le Technik Museum de Speyer compte plus de 2 000 objets d'exposition : autos, motos, avions, hélicoptères, navette spatiale, locomotives, sous-marin, bateaux, orgues mécaniques, etc ... sur une surface d'exposition de plus de 150 000 m² (intérieur et extérieur).
Il attire plus d'un demi-million de visiteurs par an.
En plus des expositions, le musée comprend également une salle de cinéma IMAX.

Parmi les engins les plus impressionnants, accessibles au public :
- Boeing 747-200 ayant appartenu à la Lufthansa
- navette spatiale Bourane OK-GLI
- Antonov An-22
- sous-marin U9 de la marine allemande
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